Photographier un tableau
Une fois qu’il a terminé son oeuvre, l’artiste souhaite généralement créer une réplique photo destinée à diverses applications : communiqué de presse, pressbook, catalogue, monographie, produits dérivés, reproduction giclée, etc..
Nous allons nous intéresser à la prise vue destinée à une reproduction numérique haute résolution, dite giclée.
Sans entrer ici dans la description d’un travail réalisé en studio photo équipé professionnellement, nous proposons quelques principes fondamentaux qui permettront de photographier un tableau et obtenir une reproduction correcte et fidèle à l’original sans investir dans un matériel coûteux. Cette opération n’est pas compliquée si on connaît quelques principes de base et surtout, si on les applique.
Quelques précisions essentielles.
Avant de préciser la technique de prise de vue pour un tableau, il faut connaître les paramètres de résolution nécessaires à une bonne qualité d’impression en fonction de la taille de la reproduction.
Contrairement à l’idée répandue, une résolution de 300 dpi n’est pas indispensable compte tenu de l’évolution des traceurs. Une résolution de 150 dpi pour une impression à taille réelle sera suffisante. La résolution de 300 dpi ne sera nécessaire que dans le cas d’un agrandissement à l’impression. Par contre, au moment de la capture de l’image, on veillera à avoir la résolution la plus élevée possible quitte à la réduire pour l’impression.
Considérant la taille de l’image à obtenir (hauteur x largeur), avec une résolution de 150 dpi du fichier, la résolution de votre appareil photo sera pour les exemples suivants :
7677 x 5728 pixels pour une image 130 x 97 cm
5906 x 4783 pixels pour une image 100 x 81 cm
4783 x 3874 pixels pour une image 81 x 65 cm
3602 x 2917 pixels pour une image 61 x 50 cm
L’appareil.
Les appareils numériques conviennent parfaitement pour ce type de travail. Ils présentent le gros avantage d’autoriser un travail en lumière artificielle sans que les couleurs soient envahies par cette insupportable dominante jaunâtre ou rougeâtre inévitable avec les appareils argentiques, à moins d’être équipé d’un matériel d’éclairage adapté et semi-professionnel.
La plupart des appareils numériques ont un bon objectif et disposent d’une quantité de pixels autorisant un agrandissement appréciable. Actuellement, beaucoup d’appareils, même à prix abordable, disposent de dix, douze, vingt… millions de pixels, mais avec cinq ou sept millions, on pourra déjà reproduire un tableau à agrandir en format A4.
Un bon appareil à visée réflexe ou un bon bridge sont évidemment ceux qui conviennent le mieux pour réaliser des photos de qualité.
La lumière artificielle est plus facile à contrôler que la lumière du jour.
Si on travaille en automatique, l’appareil sélectionnera généralement par lui-même le type de lumière qui éclaire le tableau, mais s’il ne le fait pas, il faudra le paramétrer manuellement pour éviter une dominante jaunâtre ou rougeâtre et le régler sur l’icône représentant une ampoule, un tube néon ou toute autre solution proposée. À tester.
Deux sources de lumière bien placées permettront d’éviter les reflets disgrâcieux. Elles seront situées sur les côtés du tableau, à quelques mètres et à égale distance, afin que sa surface soit éclairée de manière régulière.
Pour éviter les reflets, se souvenant que l’angle d’incidence est égal à l’angle de réfraction, on placera les deux sources de lumière à la même hauteur que le tableau ou venant du dessus. Voir la photo ci-contre. Deux tubes néon apparaissent à gauche et à droite vers le haut. C’est avec cet éclairage que je photographie les tableaux qui figurent dans mon site Internet.
On évitera d’avoir une fenêtre face au tableau, mais aussi des objets ou un mur clair qui seraient réfléchis dans le brillant ou le satiné de la surface peinte. De même, il va de soi que pour cette même raison, il ne faut jamais utiliser le flash.
Les sources de lumière formeront un angle d’environ 45° avec la surface du tableau. Un éclairage rasant ferait apparaître les reliefs* de la surface peinte et un éclairage de face ou presque ne manquerait pas d’engendrer des reflets.
* Un principe à exploiter si le tableau photographié présente des empâtements qu’on souhaitera accentuer
Travailler avec un pied photo ou à défaut, déposer l’appareil sur une surface stable. Et, pour éviter le flou dû au bougé, utiliser le retardateur ou, si votre appareil est compatible, une télécommande ou déclencheur à distance.
L’objectif.
On utilisera un petit téléobjectif ou on réglera le zoom sur un agrandissement de trois fois ou plus, selon le recul dont on pourra disposer. Il est conseillé de prendre du recul avec le tableau pour éviter les déformations convexes des contours, l’effet « grand angle ».
Certains objectifs, même de qualité, présentent des déformations en « en barillet » ( courbes vers l’extérieur) ou « en coussinet »(courbes vers l’intérieur), ce qui est toujours gênant pour une reproduction de tableau. La solution consiste à recadrer, en rognant une partie du motif ou d’installer sur son ordinateur un logiciel qui permet de corriger cette désagréable déformation.
Pour éviter des déformations dues à la perspective, le tableau devra être parallèle avec le verre de l’objectif, c’est pourquoi il faudra soigner la position de la toile et celle de l’appareil.
Positionner la toile.
Le peintre dispose généralement d’un chevalet. Il l’utilisera pour fixer son support verticalement. Une planchette sera déposée dans la rigole du chevalet pour rehausser le tableau afin que la base ne soit pas cachée par le bois du support. Ensuite, avec un fil à plomb, il vérifiera la verticalité du tableau.
Positionner l’appareil.
L’appareil sera situé juste en face du milieu du tableau. Pour cela, on peut coller des bandes de ruban à masquer au sol, une d’elles sera dans le plan du tableau, l’autre sera collée perpendiculairement, formant un « T » avec la première, pour situer l’axe au-dessus duquel sera placé l’appareil.
Pour éviter des déformations du tableau, le plateau du pied où sera vissé l’appareil doit être horizontal. Vérifier l’horizontalité avec un niveau à bulle.
La prise de vue.
Régler les « ISO »de l’appareil (= sensibilité des capteurs, l’équivalent des ASA de l’argentique). Pour éviter le désagréable effet du « bruit », régler la sensibilité des ISO en sélectionnant un petit nombre. Plus les ISO sont petits, moins il y aura de « bruit ». Un ISO de 200 est indiqué pour la photographie de tableaux.
Dans la suite, le cliché pourra être recadré grâce à divers logiciels, certains sont parfois livrés avec l’appareil. Le très performant Photoshop convient évidemment pour réaliser cette opération. Il permet en outre de corriger certaines dominantes de couleurs et bien entendu, d’effectuer une multitude de manipulations plus ou moins justifiées.
Si vous ne réussissez pas vos clichés, vous pouvez bien sûr vous tourner vers un professionnel. Nous travaillons sur Paris exclusivement avec Atelier 80, photographe d’oeuvres d’art depuis 1970.